C’ést un vendredi, je délaisse lecture et cinéma, amis et conversations, pour la télévision, c’est rare depuis que je ne suis plus accro d’une série ( Maison Blanche, Mad Men, Borgen). Avec la télécommande, je passe en revue les programmes, bof! rien de bien nouveau, les mêmes suspenses répétitifs et sans suspense: divertissement, série, téléfilm gris, et puis, au hasard d’un retour en arrière de la chaine 18 à la chaine 3, je tombe sur Thalassa, Georges Pernoud, en direct de Sainte Maxime, fait son tour de France et du monde, un ton inimitable, une fraicheur vivifiante. Voilà Saint Tropez en hiver. Des habitants, débarrassés de leurs obligations estivales, retrouvent le temps d’admirer leur village. D’en haut avec le conservateur du musée, on contemple les paysages de Signac, de Matisse ( Luxe, Calme et Volupté) déjà.
D’en bas, avec le pêcheur du « village » on retrouve le port presque abordable: les monstrueux yachts sont partis avec leurs propriétaires. La nostalgie folle des collectionneurs s’entasse dans un hangar ou une centaine de « canots » nous rappellent ce qu’est la beauté des Riva, bois vernis, chromes parfaits, lignes pour l’oeil. Dans le reportage suivant, encore la beauté avec le duel de deux coursiers des mers, magnifiques voiliers du début du siècle ou l’équipage d’une quinzaine d’hommes est nécessaire à la manoeuvre. Rien d’électrique ici, sur le pont concentration et position s’allient à la force humaine. L’élégance est totale jusqu’à la victoire. L’équipage du vainqueur salue le second, qui s’est si bien battu. Si la victoire est belle, l’essentiel est de participer, de se battre, de se retrouver. A la prochaine fois, semblent-ils se dire.
Les reportages s’enchainent, imaginatifs, parfois graves comme celui consacré à la traque de la pêche illégale. En Méditérannée, avec Paul Watson, le militant écologiste, et les membres de son association Sea Sheperd, on suit leurs tentatives stupéfiantes d’audace pour « couper » les filets d’immenses nasses qui enferment des centaines de thons promis à l’abattage. Je reconnais la voix du journaliste, Daniel Granclément, célèbre pour ces reportages casse-cou, notamment celui sur les « migrants » entre la Somalie et Aden, Les Martyrs d’Aden.
Voilà donc ce qui m’a semblé ce soir-là du « vrai », du » vif » , de « l’humain ». Une « jeune » émission de près de quarante ans, (40° anniversaire en 2015), avec son « jeune » capitaine qui en tient la barre fermement depuis qu’il l’a imaginée. Thalassa, Thalassa, chantaient les marins grecs, la mer, la mer…. un bel exemple de qualité. Bravo Georges.