Le titre de Libération de ce samedi 2 juillet renforce ce coté irréel, celui que nous avons aussi de suivre une série policière américaine. Le décor familier et exotique de nos soirées sur TF1, France 2 ou M6.
J’avais parlé, le 18 mai dernier, de cette incroyable histoire à travers la série documentaire « Soupçons » de Jean-Xavier de Lestrade. Série qui montre les particularités de la justice américaine. La violence, pour nous français, de ce système accusatoire. La justice se trompe dans tous les pays du monde, y compris dans les pays démocratiques. Mais Tocqueville nous dit que la démocratie, pour aussi médiocre soit ce régime, est le moins pire de tous. Peut-être doit on voir la presse et la justice de la même façon.
Alors, c’est dans l’article de l’écrivain Marc Dugain dans le Journal de Dimanche de ce jour que je trouve matière à réflexion. Il rappelle que le pouvoir américain ment « quand le pouvoir américain ment, il ment effrontément« . L’Irak, l’assassinat de Kennedy et bien d’autres mensonges d’Etat.
Pour moi ce rappel met aussi en lumière l’ensemble des réactions anti-françaises de l’opinion américaine dans les jours qui ont suivi l’arrestation de DSK.
Jusqu’à ces voisins de l’appartement ou DSK devait être assigné à résidence qui s’opposèrent à son installation. Le présumé coupable mis au banc de l’opinion. Pour le peuple américain si puritain- mais qui est le plus grand producteur de films X et de magazines pornographiques du monde, ce qui veut dire des millions de spectateurs et de lecteurs- les français n’étaient décidément pas fréquentables.
Et puis encore, l’emballement pour la victime, forcément victime puisqu’elle était une femme d’origine modeste, pieuse et venant d’un pays du tiers monde. L’homme puissant et riche, blanc et libertin de surcroît, était forcément coupable. La manipulation idéologique -souvenez-vous de l’image des femmes de chambre huant DSK à l’entrée du tribunal, ou des déclarations tellement démagogiques de l’avocat de la jeune femme- Deux mondes semblaient s’affronter.
Il y avait d’une part la présumée victime et d’autre part le présumé coupable. Pas de flagrant délit. Deux paroles seulement. Une réputation face à une autre réputation. Et la justice, les médias, l’opinion les ont faites et défaites.
Oublieux de la présomption, essentielle avent les mots de coupable ou de victime. Jusqu’au prochain épisode: Saison 3? Souhaitons que cela s’arrête avant. Les dégats sont immenses s’il se confirme que DSK n’est pas coupable de viol, mais la victime d’une manipulation. Quand à la justice américaine, elle n’aura pas changé un mensonge privé en mensonge d’Etat. D’une certaine manière, la démocratie triomphe encore.