Une cérémonie de remise de prix est toujours injuste, celle des Césars le fût évidemment: Potiche, Tournée, Mamuth, l’Arbre repartaient bredouilles. Lambert Wilson, Catherine Deneuve, Matthieu Amalric attendaient les derniers instants, en vain. Regrets déjà de ne pas voir Charlotte Gainsbourg ou Catherine Deneuve reconnues pour leurs magnifiques interprétations. Elles méritaient bien le César de la meilleure actrice au même titre que Sarah Forestier. De mon point de vue évidemment.
Un point de vue que l’ensemble des votants des Césars n’a donc pas partagé. Étrangement alors que Des hommes et des dieux, largement favori avec 11 nominations, pouvait espérer plus: par exemple meilleur acteur, meilleur réalisateur, il ne recevait que 3 oscars, mais cerise sur le gateau comme le disait joliment Antoine de Caunes, il obtenait le César du meilleur film. C’est la prestation de Michael Lonsdale, meilleur acteur dans un second rôle, qui reconstitua sur scène, en quelques mots justes et émouvants, la grâce du film.
C’était injuste parce que tous ceux qui méritaient de gagner étaient en trop grand nombre. De cette injustice, le cinéma français sort gagnant. On a vu hier soir sa richesse.
Etre : Leila Bekhti, si émouvante et forte, dans Tout ce qui brille– mais d’ou sortait-elle sa robe?- Polanski, venant deux fois sur scène, pour le parfait The Ghost Writer. Eric Elmosnino, meilleur acteur, saisissant Gainsbourg ( Vie héroïque). Anne Alvaro, meilleure actrice dans un second rôle pour l’étonnant Bruit des Glaçons. Il y avait quand même beaucoup de monde à la fête. Etre encore, Antoine de Caunes, maitre de ballet pince-sans-rire, regardant pour la septième fois de sa carrière les remerciements s’empêtrer.
Xavier Beauvois montait enfin recevoir le prix du meilleur film. Quelques mots intempestifs- fichue habitude de transformer la scène en tribune, même Antoine de Caunes, à notre surprise, n’y échappera pas- les « moines », hélas, ne seront pas appelés à le rejoindre.
Hyper favori, il avait attendu jusqu’au dernier instant ce prix qui aurait pu lui échapper. Cannes et sa palme ratée de justesse devait être là bien présent. C’est fini. On pense à ceux et celles qui nous ont émus, Ludivine Sagnier et Diane Kruger, dans Pieds nus sur les limaces, oubliées du premier tour, à Romain Durys dans l’Homme qui voulait vivre sa vie, et puis…
Etre ou ne pas être, une éternelle question. Nous en étions, devant notre petit écran, nous en serons demain dans les salles obscures.