le titre du film de Malek Bensmaïl réalisé en 2010 ne laisse guère présager de son histoire: à travers le village, d’ou est parti le signal de l’insurrection algérienne en 1954, le documentariste livre un état de l’Algérie d’aujourd’hui. Oui, la Chine est loin, peut être même s’en éloigne-t-elle un peu plus chaque jour! La schizophrénie semble s’être emparée de ses habitants : enfants criant chaque matin l’hymne à la gloire des moudjahidines, « martyrs » de la révolution, vieux parlant de l’exécution de l’instituteur Monnerot le 1 septembre 1954 dans les gorges à l’entrée du village, comme d’un accident, jeunes rêvant d’un autre monde, l’Europe, la France… la Chine est encore loin!
Dans l’Algérie contemporaine, il n’y a plus que ruines et désolations, celles d’un pays miné par la corruption et le chômage. L’Algérie, pays riche de son sous-sol, de ses plaines qui en faisait déjà du temps des romains le grenier à blé de la Méditérannée, n’a plus d’espoir que dans une nouvelle révolution. Le remarquable documentaire de Malek Bensmaïl nous décrit mieux que n’importe quelle analyse économique le drame de l’Algérie.
Dans « Algérie(s) » documentaire réalisé en 2004, il revenait à la guerre civile des années 80/90, décryptant les enchainements, qui depuis l’indépendance de 1962, mènent le pays au bord de l’abime. Ce travail, loin des clichés habituels sur l’Algérie et sa période contemporaine, est à voir absolument si on veut mieux comprendre nos voisins d’outre méditérannée.