Parmi les films les plus nominés, deux d’entre eux me semblent avoir une résonance commune : Des hommes et des dieux et Mammuth révèlent l’humanité contenue en chacun. Sombre et magnifique, Depardieu sublime la laideur; avec son corps, les gestes, son regard sur lui-même et sur les autres, il fait peu à peu pivoter notre propre regard. L’inattendu est au bout d’une quête apparemment banale: compléter quelques points de retraite! Par son inventivité, sa simplicité aussi- cette concentration sur les personnages!- la réalisation donne toute sa force à la vie qui se joue et réussit.
On a tellement parlé de Des Hommes et des dieux qu’il peut sembler absurde qu’à mon tour je veuille donner mon impression. Chacun lit toujours une partition personnelle, qu’on aime ou non celle qu’on entend. J’ai vu le film très tard, l’envie un peu émoussée par tous ces bruits. J’avais l’impression de ne plus avoir grand chose à découvrir. On connait l’histoire- j’avais fait un blog ici sur le document Le Testament de Thibirine qui a largement inspiré le film de Xavier Beauvois- et puis ma vision s’est croisée avec celle de Mammuth.
Le sentiment d’une « révélation » commune, hors de toute croyance, celle que tout se joue toujours en l’Homme. Le moment de « conversion » de la peur du moine- joué ici par Olivier Rabourdin- pour une vision plus forte, celle de sa communauté, de sa raison d’exister est étonnant et magnifique.
Le film nous livre aussi un formidable message d’espoir- d’espérance pour les moines-; allons tout n’est pas perdu tant qu’on peut rêver, dire non à la laideur, ici en Algérie à la violence et à la peur.
Il faut noter encore le succès public de ces deux films: rien ne le laissait prévoir. Amusant et réconfortant!